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Promotion de la relève Autres thèmes 16:05

Quel est le lien entre l'encouragement de la relève et un saut dans l'eau (ultra)froide de l'informatique quantique ? C'est l'enthousiasme pour la science, la curiosité et la joie lorsque ces étincelles jaillissent sur les jeunes. C’est le credo de la SATW et de ses sociétés membres adressé lors du deuxième événement de réseautage. La SATW s’engage en effet susciter encore davantage d’intérêt pour la technique, de permettre la remise en question des stéréotypes et de montrer des voies de développement dans les MINT. Le professeur Peter Seitz, physicien et membre du comité de la SATW, a illustré par un voyage dans le merveilleux monde subatomique comment les « sauts quantiques » peuvent y contribuer.

 

25 spécialistes ont participé au 2e événement de réseautage des sociétés membres de la SATW. Ils représentaient des domaines aussi divers que la technologie alimentaire et des procédés, la biotechnologie, la chimie, la physique, les sciences de l'ingénieur, l'informatique, l'électrotechnique, la microtechnologie, les mathématiques, la biomédecine, l'aérospatiale, la mécanique et l'industrie, ainsi que diverses institutions de formation et d'encouragement de la relève.

Le professeur René Hüsler, membre du comité de la SATW, a ouvert et animé le deuxième événement de réseautage pour les sociétés membres. Il a interprété le grand nombre de visiteurs et visiteuses comme une confirmation du désir des sociétés membres et de la SATW de renforcer la coopération. Quelques mots d'introduction de chaque représentante et représentant a permis de mettre en évidence les intérêts, notamment pour les plateformes thématiques de la SATW et le soutien à la relève.
Edith Schnapper, responsable de la promotion de la relève à la SATW, a d’abord analysé la « situation météorologique » générale de la jeunesse suisse et de la relève MINT. Selon la  nouvelle étude Pisa, les jeunes de notre pays obtiennent toujours d'assez bons résultats. Les compétences en mathématiques ont certes légèrement baissé, mais les connaissances en sciences naturelles ont augmenté. Pour autant, l'alerte n'est pas levée. Il faut continuer à renforcer les compétences techniques des enfants et des jeunes, en tant que futurs citoyen.ne.s. La nouvelle étude du SECO mise elle aussi sur l'encouragement des MINT pour pallier la pénurie de spécialistes en TIC, en électricité et électronique, en métallurgie, ou encore dans la construction et le second œuvre.

Déconstruire les stéréotypes

Filles et garçons montrent le même intérêt pour la technique, les sciences naturelles, les mathématiques et l'informatique jusqu'à l'âge de 11 ou 12 ans. Mais à la fin du secondaire I, les filles sont beaucoup moins nombreuses à choisir une formation MINT. D’abord, parce que les stéréotypes dans l’orientation se cristallisent à ce moment-là. En outre les filles évaluent souvent mal leurs compétences MINT en l'absence de modèles de rôle, de modèles inspirants et de soutiens dans leur environnement.
Il est donc nécessaire d'initier très tôt les enfants aux thèmes MINT, de les enthousiasmer pour la technique à l'école et en extrascolaire, de briser les clichés et d’aider les jeunes à surmonter l’appréhension liée aux sujets techniques. Diverses initiatives de la SATW et de ses sociétés membres interviennent à ce niveau, comme le laboratoire pour jeunes «jetz», le programme pour le secondaire II  «IngCH», le camp de jeunes«ProAero» ou le «New Generation Network» d'Electrosuisse.

Informer, coordonner, mettre à l'échelle

Les offres de promotion de la SATW s'adressent majoritairement aux deux sexes, comme par exemple lors des TecDays établis dans toute la Suisse et des nouveaux ateliers Go4IT. Le programme Swiss TecLadies adresse en particulier les jeunes femmes. Elles bénéficient de l'aide d'une mentore issue de la vie professionnelle, qui sert également de modèle de rôle possible. Cette année, le programme de mentorat, unique en Suisse, en est déjà à sa quatrième édition. Des ateliers tech, des coachings de renforcement de la personnalité, des visites d'entreprises permettent d'encourager de manière ciblée les jeunes femmes intéressées. La SATW s’engage à différents niveaux : de la mise à disposition d’information (par ex. le magazine Technoscope) à la proposition d’évènements et d’ateliers (TecDays, Go4ITen passant par le soutien à la relève académique (Germaine de Staël).


Comme l'environnement a une grande influence sur le choix professionnel, la SATW soutient également des initiatives qui visent les enseignant.e.s, les entreprises, les associations, etc. Avec la plate-forme educamint.ch, la SATW permet par exemple d'accéder à plus de 1’000 offres MINT pour l'école et les loisirs dans toute la Suisse. 

Le fantastique calcul quantique

L'équipe organisatrice avait choisi un thème particulier à approfondir dans le dernier Technology Outlook de la SATW, présenté lors de la manifestation : Que sont et comment fonctionnent les ordinateurs quantiques (QC) ? Le professeur Peter Seitz, physicien et membre du comité directeur de la SATW, est parvenu avec brio à donner une réponse claire et compréhensible à cette question. 

La technologie n'en est qu'à ses débuts et personne ne sait quelles approches seront les plus prometteuses. Peter Seitz a précisé que les QC ne remplaceront pas les PC et les smartphones, mais qu'ils seront complémentaires dans certains domaines. La puissance de calcul potentielle des QC est si spectaculaire que des milliards sont actuellement investis dans leur développement dans le monde entier.

Mais pourquoi cet engouement ? Avec leurs pistes de semi-conducteurs de quelques nanomètres de large, les meilleures puces informatiques traditionnelles atteindront bientôt leurs limites physiques. L'étape suivante : on calcule avec des particules minuscules (appelées quanta), c'est-à-dire des photons et des électrons. Cependant, de curieuses lois s'appliquent dans les espaces quantiques : Par exemple, un bit d'un circuit semi-conducteur conventionnel ne peut avoir que deux états (0 et 1) et les opérations de calcul sont toujours effectuées de manière séquentielle. En revanche, un bit quantique (QuBit) peut prendre simultanément les valeurs 0 et 1 et une infinité de valeurs intermédiaires.

Les systèmes QuBit enchevêtrés des futurs ordinateurs quantiques (voir ci-dessous) peuvent effectuer simultanément un nombre énorme d'opérations de calcul, et ils peuvent ainsi traiter des algorithmes spécialisés de manière beaucoup plus efficace que les ordinateurs traditionnels. Les scientifiques, les gouvernements et d'autres organisations y voient de grandes chances : grâce à QC, les problèmes les plus difficiles mais d'une importance pratique pourraient être résolus en quelques heures au lieu d'être résolus par des ordinateurs « normaux » en l'espace de quelques années. 
 

Un quantum de consolation

Il n'y a qu'un seul hic, ou plutôt plusieurs : Les résultats d'un ordinateur quantique ne sont pas des chiffres précis, mais doivent être agrégés à grands frais à partir des résultats statistiques de nombreux calculs quantiques. De plus, dans la plupart des types d'ordinateurs quantiques, le tout ne fonctionne qu'à une température ultra basse, proche du zéro absolu (0 degré Kelvin ou environ -273 degrés Celsius). Les besoins en refroidissement sont donc très importants. Mais ce n'est pas tout : il existe des paires quantiques qui sont reliées entre elles par un lien invisible, même à des distances astronomiques. Même Albert Einstein ne pouvait pas comprendre cet effet fou d'« intrication », qui est aujourd'hui la caractéristique centrale des ordinateurs quantiques - une petite consolation pour le commun des mortels. L'intrication quantique n'a été prouvée qu'en 2015 et couronnée par le prix Nobel en 2022.

Et le « saut quantique » ? Dans le langage courant, il est utilisé à tort et à travers dans le sens de « très grand changement ». En réalité, il s'agit d'un changement minuscule du point de vue énergétique à l'intérieur des atomes. On pourrait même dire que le saut quantique est le plus petit changement que la nature autorise.

Outre les éléments théoriques, le professeur Peter Seitz a présenté des domaines d'application du CQ tels que la communication quantique absolument sûre, l'optimisation de la logistique, la finance, la gestion du trafic et la médecine personnalisée. C'est probablement dans le calcul des processus quantiques que les ordinateurs quantiques auront le plus d'importance : les produits pharmaceutiques et chimiques peuvent être simulés efficacement et leur efficacité thérapeutique peut être prédite de manière fiable.
Les échanges ont reflété le grand intérêt pour les thèmes et les initiatives présentés. Le ton est unanime : les discussions sur les canaux communs, l’échange de bonnes pratiques et les initiatives de promotion doivent être intensifiée. Nous remercions toutes les participantes et nous réjouissons de la prochaine manifestation de réseau !

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